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Quelques semaines après l’accouchement, certaines femmes s’inquiètent de perdre leurs cheveux par poignées…Pourtant, rien d’anormal à cela ! La chevelure ne fait que « rattraper » son retard. Explications.
Quand grossesse rime avec chevelure
C’est l’un des avantages de la grossesse : bien souvent, les cheveux s’épaississent, brillent et paraissent en meilleure santé que jamais, surtout aux deuxième et troisième trimestres.
Et pour cause ! Sous l’effet des hormones de grossesse (œstradiol et progestérone), la durée de pousse des cheveux augmente.
Pour mieux comprendre, voici un rappel du cycle de croissance des cheveux, qui se fait en 3 phases :
d’abord, la phase anagène, ou période de croissance, qui dure de 2 à 6 ans ;
- ensuite, la phase catagène, caractérisée par l’arrêt de croissance du cheveu, qui dure environ 3 semaines (aussi appelée phase d’involution, marquée par la fin de la production de la fibre capillaire) ;
- enfin, la phase télogène, qui correspond au stade de repos et qui dure d’environ 2 à 4 mois, avant que le cheveu tombe. On peut perdre 50 à 150 cheveux par jour : ce sont ceux qui sont arrivés en fin de cycle.
Alors qu’en temps normal, environ 85 à 90% des cheveux sont en phase de croissance (anagène), cette proportion passe à 95% lors des seconds et troisième trimestres de la grossesse.
Et non seulement les hormones prolongent la phase anagène, mais elles augmentent aussi le diamètre des fibres capillaires.
Conséquences : les cheveux sont moins nombreux à entrer en phases catagène et télogène. Ils sont moins nombreux à tomber, et la chevelure est plus épaisse que jamais (ou du moins aussi épaisse que lors de l’adolescence…).
Après l’accouchement : la chute des cheveux !
On l’a vu : pendant la grossesse, les cheveux sont plus nombreux à pousser, « boostés » par les oestrogènes et la progestérone. Mais une fois que l’accouchement a eu lieu, les hormones qui stimulaient cette pousse chutent drastiquement.
2 à 4 mois après l’accouchement, certaines femmes (environ 1 sur 3 ) remarquent une chute anormale de cheveux. Ceux-ci se retrouvent en grand nombre sur l’oreiller, partent par poignées lors du brossage ou restent sur les mains pendant le shampooing !
La quantité peut paraître impressionnante, d’autant que pendant la grossesse, les cheveux tombaient moins. Le contraste a de quoi inquiéter !
Et pourtant, ce phénomène est tout à fait normal : les spécialistes l’appellent « effluvium télogène du post-partum ».
Lorsque la femme allaite, l’effluvium peut survenir plus tard, puisque le profil hormonal est alors légèrement différent.
Chute de cheveux post-partum : à qui la faute ?
En fait, lorsqu’ils tombent après l’accouchement, les cheveux ne font que « rattraper » le retard accumulé pendant la grossesse. Normalement, 10 à 15% des cheveux sont en phase de repos ou prêts à tomber. Pendant la grossesse, ils ne sont plus qu’environ 5% dans cette phase !
Après l’accouchement, les cycles de cheveux se resynchronisent peu à peu sur tout le cuir chevelu. Les cheveux qui auraient dû être en phase télogène y entrent enfin, puis tombent. Parfois, en raison de cette synchronisation, jusqu’à un tiers des cheveux peuvent atteindre en même temps la phase télogène.
La chute paraît anormalement abondante, mais elle ne correspond en fait qu’à l’élimination des cheveux supplémentaires qui ne sont pas tombés pendant la grossesse…
Ainsi, la nature capillaire reprend simplement son cours normal !
Chute de cheveux : faut-il s’inquiéter ?
Si cette période de chute de cheveux survenant après l’accouchement peut être stressante, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Tous les cheveux tombés seront peu à peu remplacés.
Généralement, la chute dure 6 à 12 semaines, mais peut parfois se prolonger au-delà. Au bout de 6 à 12 mois, toutefois, tout doit être revenu à la normale.
Si, passé ce délai, vous constatez que vos cheveux tombent toujours en grand nombre, il peut être utile de consulter un médecin pour faire un bilan sanguin. La chute post-partum peut masquer une alopécie andro-génétique ou un trouble hormonal responsable d’une chute anormale des cheveux.
Que faire pour limiter les dégâts ?
Première règle : il faut prendre son mal en patience. Même s’il peut être impressionnant, l’effluvium du post-partum est temporaire et sans conséquences à moyen terme sur la chevelure.
Aucun traitement n’a d’ailleurs fait ses preuves. Pour éviter de trop perdre de cheveux, il est conseillé pendant cette période de limiter les brossages énergiques, de ne pas trop tirer sur ses cheveux (en faisant des chignons serrés, par exemple), d’utiliser des shampooings doux et de s’abstenir de faire des traitements capillaires agressifs (lissage, coloration, et même sèche-cheveux…).
Si la chute persiste ou vous inquiète, parlez-en à votre médecin. Il peut être nécessaire de faire un bilan sanguin pour s’assurer qu’il n’y a pas de trouble hormonal ou de carence. En effet, l’hypothyroïdie (déficit en hormones thyroïdiennes) peut être associée à une perte anormale des cheveux. De même, une carence en fer, qui n’est pas rare après un accouchement, risque de faire durer le problème.
Dans certains cas, on vous conseillera de prolonger la prise de vitamines conseillées pendant la grossesse, surtout l’acide folique et le fer. Cela permet de se mettre à l’abri des carences et de retrouver sa forme rapidement.
Source :
passeportsante.net
Female Alopecia: Guide to Successful Management – Ralph M. Trüeb – 2013
Medscape Telogen Effluvium
http://emedicine.medscape.com/article/1071566-overview
The changes in the hair cycle during gestation and the post-partum period. Gizlenti S, Ekmekci TR. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2013 May 20.
Alterations in Hair Follicle Dynamics in Women. C. Piérard-Franchimont and G. E. Piérard
http://www.hindawi.com/journals/bmri/2013/957432/