Après la crise du Covid-19, l’opérateur souhaite recentrer ses investissements sur la 4G, avant de passer à l’étape suivante.
“La vraie urgence c’est de mettre de la 4G partout”. La déclaration d’Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom, symbolise la position de l’opérateur français, qui souhaite reporter les enchères autour d’une partie des fréquences de la 5G en raison de la crise économique. Pour rappel, certaines fréquences 5G, proches de celles de la 4G, seront activées dans les prochains mois, avant que des fréquences permettant des débits sensiblement plus rapides soient attribuées par la suite.
Le dirigeant était invité à s’exprimer face aux sénateurs ce 10 juin, aux côtés de Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues, ont repéré nos confrères de 01net.com. Sa position est claire: la 5G ne changera rien aux usages de ses clients avant plusieurs années.
Pour Olivier Roussat, il est important de faire la différence entre les deux phases de lancement de la 5G. La première consiste à utiliser des fréquences voisines de celles qui sont déjà sollicitées en 4G – et qui seront activées les premières, avec une différence peu notable à l’usage. C’est donc cette première version de la 5G (“une espèce de 4G améliorée”, selon Olivier Roussat) qui sera commercialisée d’ici à la fin de l’année.
“Faire apparaître un 5 au lieu d’un 4”
“Que va apporter la 5G? Elle apporte pour le client le fait que l’on fasse apparaître un “5” au lieu d’un “4”. Naturellement, sur le téléphone, un client va se dire que “5” c’est mieux que “4”. Est-ce que ça change quelque chose pour lui au quotidien? Cédric O [le secrétaire d’Etat chargé du numérique, ndlr] a répondu dans une interview pour dire que ça ne va rien changer au quotidien du consommateur, parce qu’effectivement ça ne va rien changer. Ca va donner une vitesse un poil plus rapide” affirme le PDG de Bouygues Telecom.
“Ca ne va pas changer grand chose pour vous, à titre personnel, sur votre téléphone portable”, avait concédé Cédric O sur RMC ce samedi 6 juin, au sujet de l’impact de la 5G sur les usages individuels.
La 5G […] n’aura pour seul intérêt que de permettre une désaturation très locale des réseaux mobiles 4G. Elle servira donc dans les grands centres urbains et de façon très ponctuelle lorsqu’il y a beaucoup de trafic mobile. […] Ce n’est qu’à partir de 2023 […] que l’arrivée d’une seconde vague d’équipements permettra d’envisager de nouveaux usages, notamment industriels, grâce à des débits plus élevés et à un faible taux de latence” a de son côté estimé Martin Bouygues, toujours face aux sénateurs.
C’est en effet aux alentours de 2023 que les ondes dites “millimétriques”, grâce auxquelles peuvent transiter des données bien plus volumineuses en un temps record, que la 5G apportera la différence la plus notable pour les consommateurs. L’utilisation de ces ondes devra toutefois se faire après l’étude de leur impact sanitaire, encore incomplète à ce jour selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).